SOREZE

SAINT-MARTIN
LA BOLBENE
SAINT-ELUTHERE
SAINT-MICHEL
SAINT-JACQUES DE BESAUCELLE

 

 

 

SAINT-MARTIN de Soréze.

 

IGN 1/25000 Revel 22 44 EST
                                                       
Coord. Lambert

X = 578,200 Y = 3128,055 Z = 275

 

 

L'ancienne église paroissiale Saint-Martin, à déjà fait l'objet d'une étude complète par Mme. N. Pousthomis-Dalle, c'est pourquoi je me contenterai) de retranscrire, en les résumant, ses recherches afin de ne pas nuire à la cohérence du mémoire, et pour pouvoir par la suite servir de point de comparaison. Pour plus de précisions sur le contexte historique et l'analyse archéologique, se référer à ses travaux1.

 

L'église Saint-Martin est située au sud du quartier appelé, encore aujourd'hui, « ville vieille ». Saint Martin évêque de Tours, mort en 397, joui d'une grande popularité dés les premiers siècles de la chrétienté2.

Elle est citée pour la première fois en 1120, dans la Bulle de confirmation des possessions de l'abbaye de Soréze de Calixte II: « villam Sorcinensem cum ecclesiis S. Martini et S. Michaélis » 3. En 1317, dans la bulle d'érection du nouveau diocèse de Lavaur de Jean XXI: « ecclesia dicti loci de Soricino »4.

 

Il reste peu de chose de l'église détruite en 1573 par les protestants5, seul le chevet surmonté du clocher à été conservé (fig.84). D'après le plan de 1773 (PL.XLVIII), l'édifice à nef unique était terminé à l'est par un chevet polygonal. L'entrée se trouvait sur le mur sud, elle était flanquée, à l'extérieur, de deux constructions. A cette époque la nef semble avoir été occupée par un cimetière. Le chevet est surmonté d'un clocher polygonal, la nef était charpentée, comme l'attestent les traces de toiture dans le mur triomphal.

 

On remarque au nord les vestiges d'une construction peut être légèrement postérieure, et qui pourrait être une ancienne chapelle.

 

N. Pousthomis-Dalle distingue deux étapes de construction, l'une correspondant à l'abside proprement dite, vers 1470, témoignant d'un certain nombre d'archaïsmes; la seconde est l'édification de la tour-clocher qui la surmonte, et dont l'aspect fortifié, strictement défensif, est plus probablement destiné à faire illusion. Ces deux campagnes se situeraient dans le dernier tiers du XVe siècle, et au début du XVIe siècle.

 

L'abside polygonale à cinq pans est précédée d'une demi-travée droite, le tout couvert par une voûte d'ogives à huit branches, soit six nervures rayonnantes sur l'abside, et deux branches supplémentaires (une demi-croisée d'ogives) sur la partie droite (fig.85).

 

Les piles, aux bases prismatiques, ont un profil formé de profondes gorges, dégageant tores à listels et baguettes, ponctué de filets. Les chapiteaux sont remplacés par des bandeaux sculptés ou voisinent des motifs, ou des modes de représentation hérités du roman mais réinterprétés, et un répertoire de style pré-renaissant. Une série d'écussons sont présentés par des couples d'animaux fabuleux, des sirènes, des anges vêtus de longues tuniques, ou des putti. D'autres sont entourés de cordes entrelacées et nouées, dont certaines étalent de part et d'autre leur réseau complexe, ou encore de pampres bien dégagés du fond, et enrichis de grappes charnues et de feuilles de vigne soufflées et frisées (fig.87). Ce répertoire iconographique et décoratif, et notamment ce goût des écussons, des tresses, des branches noueuses aux rameaux tronqués, apparu dès la fin du XIVe siècle dans les manuscrits, se rencontre jusqu'au début du XVIe siècle.

 

Les ogives pénètrent dans les moulurations des supports qui se prolongent au-dessus des bandeaux sculptés placés assez bas. Le profil des ogives marque peut être une évolution par rapport à celui des piles, puisque les baguettes s'atrophient au profit des gorges au point de se rapprocher d'une succession de moulures concaves (fig.85). De même l'arc d'entrée du chœur, au profil plus anguleux, et ses piles à ondulations pourraient paraître légèrement plus tardifs ou plus évolués6.

 

Une porte en accolade ouvre sur l'escalier à vis du clocher, logé au nord dans l'épaisseur d'un massif formant contrefort. Les remplages des baies ont un dessin plutôt flamboyant gardant un vague souvenir de tracé rayonnant.

A cette campagne de construction, autour de 1470, appartient vraisemblablement la salle qui surmonte la voûte du chœur, invisible de l'extérieur, sa destination reste méconnue.

 

Le faux mâchicoulis et le clocher paraissent résulter d'une reprise de la construction, mais bien que très restaurés aux XVIIIe et surtout XIXe siècles semblent pouvoir remonter au XVIe siècle.

 

 SOMMAIRE

LA BOLBENE.

 

S. Campech, signale qu'une oule médiévale a été trouvée dans l'aven de la Bolbène7. La carte du diocèse de Lavaur dressée par Jean Trinquier, dans les années 1690, mentionne une église à la Bolbène au sud de Durfort (PL.IlI). Toutefois il ne s'agit là que de la seule mention connue.

 

SAINT-ELUTHERE.

 

D'après le compoix de 1747, S. Campech situe Saint-Aulhéry aux alentours de la métairie de Las Combes, qui se trouve à 750m. au nord-est de Soréze8,

« ... une vigne à Saint-Aulhéry confront auta tendant, à midy thérèse Vendouillac, la goulline au milieu, midy Jean Galbes et les mazures de l'église Saint-Eluthary fossé au milieu, aquilon tendant d'auta le chemin de Soréze à Castres »9.

« ... tient quantité de terre et pré au cimetière nouveau et à Saint-Aulhéry »10.

Saint-Aulhéry est peut être saint Aulaire, que M. A. Dauzat identifie à sainte Eulalie martyrisée à Barcelone en 304

11. Saint Eleuthère reste inconnu, à moins que ce ne soit une déformation de Aulhéry. Quoi qu'il en soit, la consonance de ces deux hagiotoponymes incite S. Campech à voir en cet endroit un très ancien lieu de culte12.

 

SAINT-MICHEL.

 

A 125m au sud-ouest du village, se trouve le lieu-dit Saint-Michel. Le culte de l'archange se développe en Gaule au VIIIe siècle13.

La première mention de l'église Saint-Michel est de 1120, dans la bulle de confirmation des possessions de l'abbaye de Soréze, de Calixte II, « villam Soricinensem cum ecclesiis S. Martini et S. Michaëlis »14.

Seul l'hagiotoponyme et le compoix de 1747 permettent de la localiser.

« Les religieux tiennent une quantité de terre quéstoit les vignes de l'abbaye au lieu dit al pexairet ... midi dudit midy tendant au cers le chemin de Soréze à monteaguel et aquilon tendant audit cers eux mêmes avec la chapelle Saint-Michel, fossé entre deux aquilon le chemin de Soréze à Arfons. »

«... un pré dans lequel des dits religieux font le sol du dixme au lieu dit à la moulinades et à Saint-Michel confront d'auta a tendant au midy et midy eux mêmes avec la chapelle Saint-Michel grand fossé entre eux cers tendant à l'aquilon aussy prise d'eau au milieu aquilon le chemin a Grandels »15.

 

Cependant la carte de Cassini achevée en 1815, mais dont les travaux s'étendent sur plus d'un siècle16, mentionne l'hagiotoponyme mais ne figure pas d'édifice cultuel (PL.II).

   

1 - N. POUSTHOMIS-DALLE, L'abbaye de Soréze, Tarn: recherches archéologiques, Toulouse II, Thèse, 1982, pp. 198-213. Et « L'église paroissiale Saint-Martin de Soréze », dans, Archéologie du midi médiéval, 1987, T. V., pp.119-129.

2 - M. AUBRUN, La paroisse en France des origines au XV° siècle, Paris, 1986, p.16.
3 -
Gallia christiana, T..XIII, col. 267.

4 - Idem, col. 268.

5 - H. CROZES, Répertoire archéologique du Tarn, Paris, 1875, p. 58.

6 - V. ALLEGRE, Les richesses médiévales du Tarn, Art Gothique, Toulouse, 1957, T. I, p. 36-41. Voir aussi, Congrès archéologique de France, consacré à l'Albigeois en 1982, Paris, 1985.

7 - Renseignement fourni par M. J. LAUTIER, dans, S. CAMPECH, L'occupation du sol du piémont nord de la Montagne Noire au Moyen Age, Toulouse II, maîtrise, 1988, p. 139.
8 - S. CAMPECH, op. cit., pp. 128, 129.

9 - Idem, compoix de 1747, fol° 82.

10 - Idem, compoix de 1747, fol° 206.

11 - A. DAUZAT, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Paris, 1963.
12 - S. CAMPECH, op. cit., pp. 128, 129.

13 - M. AUBRUN, op. cil., p. 40.

14 - Gallia christiana, T. XIII, col. 267

15 - Compoix de 1747, fol° 517, dans, S. CAMPECH, op. cit., p. 128.
16 -
Information IGN.


 

 SOMMAIRE

SAINT-JACQUES de Besaucelle.


IGN, 1/25000 Revel 22 44 EST
                                        Coord. Lambert

X = 581,995 : Y = 3126,110 : Z = 696

 

Dans la Montagne Noire, sur la route de Soréze à Arfons, se trouve le lieu-dit Saint Jammes. A 250 m. au nord-ouest de la métairie sur un mamelon (PL.L), les ruines de l'ancienne église Saint-Jacques, ou Saint-Jammes, sont encore visibles.

 

Elle est mentionnée pour la première fois en 11303. Et en 1255, dans une transaction entre l'abbaye de Soréze avec l'évêque et le chapitre de Toulouse4. Seules des sources graphiques attestent de son existence au XVIIe siècle.

Sur un plan en couleurs de 16685, elle y est figurée entière et semble être entourée d'habitations, mais s'agissant d'une représentation conventionnelle propre au XVIIe siècle, il est bien difficile d'émettre des hypothèses sur son environnement.

 

De la même année un plan des bois appartenant à l'abbaye de Soréze6 la représente encore debout. Ce plan est intéressant car il tient compte de l'état des édifices mentionnés, comme « les masures del bastimen biel » qui sont représentés en ruines (PL.LI). Toutefois il s'agit toujours de représentations conventionnelles qui ne peuvent donner l'aspect général de l'édifice.

 

Un autre plan, sans date mais certainement contemporain, puisqu'il s'agit des rigoles qui alimentent le canal du midi7-8, représente Saint-Jacques entouré de son cimetière au nord et à l'est (PL.LII).

 

La carte de Jean Trinquier, des années 1690 représentant le diocèse de Lavaur, la mentionne aussi (PL.III), ainsi que la carte de Cassini qui la figure encore entière (PL.II). En revanche le cadastre de 1833 l'a précise ruinée (PL.XLIX-a). Il faut donc croire que cet édifice a été abandonné au XVIIIe siècle, et certainement durant la seconde moitié puisque la gravure, après les travaux de terrain, de la carte de Cassini a été réalisée entre 1750 et 18159.

 

Faute de documentation, il est difficile de mettre cette église en rapport avec son milieu. On constate, cependant à 1 km au nord-ouest, le toponyme de Castelet. Il ne s'agit actuellement que des ruines d'une ancienne ferme, mais le cadastre de 1833 en plus d'un habitat groupé, présente un parcellaire évoquant un site fortifié (PL.XLIX-b). Cela aurait pu correspondre au plan de 1668 (PL.LI), signalant les ruines des « masures del bastimen biel », et nous aurait alors donné une date relative de la destruction du château. En fait, le chemin allant de la Grange Vieille à la Grange Neuve signalé, est orienté nord-sud (PL. I) ce qui situe alors ces ruines à l'est de Saint-Jacques, toutefois il s'agit du seul bâtiment mentionné dans le périmètre de l'église. Autre hypothèse, un château dit La Salle, est mentionné ruiné en 1745 à proximité de l'église 10, le toponyme aurait pu, alors, être remplacé par celui de Castelet, mais cela parait peu vraisemblable. Il est aussi possible de mettre Saint-Jacques en relation avec le château de Roquefort, mais la distance11 parait tout de même assez importante pour une utilisation régulière de l'église. De plus, si en 1130, d'après le cartulaire, Roquefort perçoit la dîme, cela sous-entend l'existence d'une église dans ses murs12. Cela dit, on peut retenir la présence de ces trois éléments que sont l'habitat, l'église et un château éventuel.

 

Orientée, de petite dimension13, elle se compose d'une nef unique rectangulaire, séparée du chœur, de même forme mais plus court, par un retour de mur, en saillie de 80 cm environ L'accès se fait côté sud par la nef, au nord à 1,80 m du chœur, une ouverture a visiblement été obstruée (PL.LIII).

 

Les murs n'excèdent pas 1,50 m de hauteur, mais certaines parties laisse encore apparaître un appareil de moellons, rangés en épis, bloqués à la chaux (fig.89).Ce système est déjà employé avant l'époque romane, toutefois on peut le rencontrer, ponctuellement aux périodes moderne voire contemporaine. Les couvertures étaient constituées de plaques d'ardoises, comme l'attestent de nombreux fragments, dont certains peuvent être percés.

Le terrain ancien, du primaire, a entraîné l'emploi de micaschistes, et de gneiss, pour l'élévation de l'édifice.

  

Bien que le culte de saint Jacques ne remonte généralement pas au-delà du XIè siècle14, la situation, le plan, et la technique de construction, en comparaison avec les autres églises du canton, nous renvoient à une date assez haute, peut être préromane. Mais si l'existence d'une motte et leur rapport était confirmés, cela ramènerait alors la fondation de Saint-Jacques entre le début du X1e siècle et le début du XlI`è siècle.

 

 

1 - Il est difficile de savoir s'il s'agit d'une simple chapelle, ou d'une église, les sources employant

sans distinctions les deux termes.

2 - Jammes est en fait 1 `équivalent de Jacques en occitan, il n'existe donc bien qu'un seul

hagiotoponyme, cependant c'est Jammes qui reste le plus usité. On retrouve aussi James dans les

pays de la Manche, c'est en fait l'équivalent de Jacques en Anglais, mais le rapprochement est

moins évident.

3 - A.D.T., 2 J 1, sinopsis fol° 9. Donation par Pierre et Arnaud de Baure à l'abbaye de Soréze de la

moitié de la dîme de Besaucelle et de Roquefort.

4 - A.D.T., 2 J 1, sinopsis fol' 17-18, dans, N. POUSTHOMIS-DALLE, L'abbaye de Soréze, Tarn:

recherches archéologiques, Toulouse II, Thèse, 1982, p. .

5 - A.C. Soréze, Plan et figure géométrique des Bois de Monicapel, Trinque bisse et Malconstat,

copie de 1827, certifiée conforme le 16 août 1827 à Castres, du plan dressé en 1668.

6 - A.D.H.G., B, Eaux et forêt, Castelnaudary -E 4, Plan des bois appartenant à un religieux de

Soréze de Lodève Saint-Benoît.

7 - Certainement entre 1666 et 1681.

8 - A.D.H_G., archives du canal du midi.

9 - Information IGN.
10-
Information, Mme. N. POUSTHOMIS-DALLE, livre terrier de l'abbaye de Soréze qui indique que la métairie a été construite en 1745 près des vestiges d'un château, appellé La Salle et de l'église Saint-Jacques.
11 -
2,6km. à vol d'oiseau, au sud-ouest.
12 - A.D.T.,
2 J 1, sinopsis fol° 9.
13 -
14,5 x 6m.
14 -
M. AUBRUN, op. cil., p.

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